dimanche 22 janvier 2012

X. Notion de Guerre en Paleo-Islam

I. Les batailles de Muhammad :

Un des concepts condisérés erronément comme largement fondé dans le paleo-islam est la notion de guerre-sainte. Le chercheur qui applique la méthodologie rigoureuse de la critique historique sur ce sujet, comme nous l'avons fait sur les sujets traités dans les articles précédents, constatera que de profonds bouleversements idéologiques se sont opérés à ce sujet depuis l'islam primitif au gré de changements conceptuels et selon les conditions politiques. Le détail le plus frappant qui ressort le premier lors de cette étude critique est le fait que pour chaque bataille du Prophète, sans strictement aucun contre-exemple, les ouvrages classiques sur la biographie de Muhammad, ou sur ses batailles donnent des causes ayant conduit à la confrontation. En sorte qu'il apparait très clairement que le prophète n'a entrepris aucune expédition par simple esprit de conquête, sans qu'un élément déclencheur ne l'y ait conduit.


Guerrier arabe.


II. Pas de bataille en vue d'étendre son territoire :

Les ouvrages d'histoire emploient deux termes pour désigner les batailles du Prophète "غزوة" (idée de se diriger vers quelqu'un) et "صراع" (idée de tomber sur quelque chose). Généralement, les batailles où une confrontation armée a eu lieu sont nommés "غزوة", tandis que pour les expéditions où il n'y a pas eu de confrontation armée, c'est le terme "صراع" qui est employé. Une soixantaine d'expéditions sont énumérées ainsi, mais il apparaît que certaines expéditions sont nommées différement d'une sources à l'autre, et ce nombre est une estimation haute : or, les listes des batailles les plus étoffées comme ceux figurant chez ibn Sa'd ou Tabarī donnent les cicronstances ayant conduit à la confrontation pour toutes ces expéditions qui visaient à la dissuasion et dont dix débouchèrent à un véritable affrontement armé que nous analyserons de plus près dans notre présent article. Les tribus de la péninsule arabique ont envoyé des émissaires après la prise de la Mecque afin de prêter serment d'allégeance au Messager, voyant que les idoles y avaient été détruites sans difficulté. 


III. Les batailles selon les usages ancestraux des Arabes :

La crainte d'enflammer une vendetta faisait que lors des razzias, les Arabes évitaient tant que se peut toute effusion de sang [1]. De même, parmi les expéditions du Prophète dix débouchèrent véritablement à une confrontation armée. Toutes les autres consistant en des exepitions visant à affaiblir le camp ennemi, n'ayant pas conduit à des affrontements physiques. Par ailleurs, les ouvrages anciens ont recensé le nombre de morts pour les batailles ayant abouti à une confrontation physique, et nous pouvons compter que 138 personnes dans le camp de Muhammad ont perdu la vie lors de ces dix conflits armés contre 216 dans le camp adverse. Or, ces nombres de morts étaient importants aux yeux des Arabes de l'époque. Car parfois un viol ou un assassinat unique générait autrefois une vendetta s'achevant par l'éradication totale de tribus entières. 

Nous devons ajouter à ces pertes humaines le complot qui coûtera la vie à 70 disciples du Prophète demandés pour enseigner l'islam au Yémen et qui ont été éliminés, et les mâles de la tribu des banu Qoraïza ayant brandi les armes contre leurs alliés de Yathrib, lors de la bataille du Fossé, pendant l'assiègement de la ville par de nombreuses tribus s'étant alliées avec les Mecquois. Le nombre exact des mâles des banu Qoraiza exécutés est ignoré. Des nombres ronds incohérents sont rapportés touchant le nombre des condamnés qui témoignent que ceux-ci ne sont pas fiables, il apparaît que le nombre élevé de ces morts a pu être exagéré par la fierté des Arabes considérant cela comme un grand signe de pouvoir territorial. En revanche, ce qui est acquis de façon fiable est que tous les mâles de leur clan n'ont pas été tués, et ibn Ishaq rapporte [2] en effet qu'un groupe au sein du clan s'opposa à la trahison du pacte de non-agression et fut laissé libre, et des rapporteurs qoraïzites comptent par ailleurs parmi les sources de témoignages dont les chroniqueurs ont puisé les informations lors de la rédaction de leurs archives historiques. 


IV. Les batailles ayant abouti à une confrontation armée :

1. 624 : Badr.
2. 625 : Uhud.
2. 627 : Yathrib.
3. 627 : Banu Qoraïza.
4. 628 : Banu Mustaliq.
5. 629 : Mu'ta.
6. 630 : Mecque.
7. 630 : Khaybar.
8. 630 : Hunayn.
9. 630 : Ta'ef.
10. 630 : Tabuk.


Quoi qu'historiquement traités séparément comme des conflits distincts, il s'agit bien d'un état de guerre entre les musulmans et l'alliance Mecquoise s'étalant sur six années de 624 à 630. Malgré les interruptions, il s'agit d'une seule bataille de six ans. Les traiter séparément induit en erreur. C'est comme de vouloir traiter de la guerre de cent ans ville par ville.



V. Confrontations avec Byzance et la Perse :

Vers la fin de sa vie, le prophète Muhammad envoya une délégation de 70 récitateurs du Coran aux Yéménites islamisés demandant qu'on leur enseigne l'islam. Leur émlimination dans un guet-apens a généré un différent diplomatique entre la Perse qui contrôlait la région et les musulmans conduits à défendre les convertis de la région. L'invitation du Prophète aux Arabes vivant sous l'autorité byzantine dans le Nord-Ouest et les Arabes persanisés vivant sous l'autorité Perse, avait conduit à des conversions, et les autorités Byzantine comme Perse avaient emprisonné ou tué des convertis en guise de représailles, ce qui allait amener le Prophète à une double confrontation contre les Perses et contre les Byzantins sur plusieurs fronts. Nous relevons ainsi la superposition rigoureuse des frontières des territoires Perses et Byzantines avec les frontières du monde musulman durant les règnes des quatre premiers Caliphes, qui confirme que ceux-ci n'ont pas entamé de bataille avec un autre ennemi par simple esprit de conquête, suivant ainsi l'exemple du Prophète. 



Sur cette carte, nous voyons les frontières de l'empire Byzantin du temps du prophète Muhammad.




Sur cette carte-ci, nous trouvons les frontières de l'empire Perse jusqu'à l'époque du prophète Muhammad et les quatre  Caliphes successeurs.  



Sur cette troisième carte, nous voyons l'extension progressive du territoire musulman, et constatons la superposition rigoureuse avec les frontières des adversaires historiques Perses et Byzantins jusqu'à l'époque omeyyade, qui entamma le début des batailles de conquêtes. En vert, du plus clair au plus foncé les frontières du temps des quatre premiers Califes.


VI. Notion de bataille dans le Coran :

Du fait que le Coran a été rédigé sur une période de 23 ans, et que chaque année au moins une agression ennemie ait été lancée contre la nouvelle religion, des versets liés aux confrontations se retrouvent disséminés à travers le Coran. Or, lorsque nous analysons systématiquement le Coran et recensons rigoureusement tous les versets évoquant directement ou indirectement la guerre, nous constatons que ceux-ci représentent en fait une très petite partie des quelque 7000 versets de l'ensemble du contenu du livre. Une partie  de ceux-ci concernant les peuples passés, mais tous les autres ayant pour fin d'encourager les fidèles à réagir fasse aux incessantes agressions. Il ne se trouve pas dans le Coran un verset qui ne concerne pas une bataille précise, et constituant une règle générale. 

(Liste des passages du Coran mentionnant la guerre dans l'ordre.)

(2/84,177, 190-195, 207,214, 216-218,239,244-246;250, 262, 279)
(3/13,111, 121-127, 139-147, 152-160, 165-168, 173-175, 195, 200)
(4/66-68,71-78, 84, 90-91, 94-95, 101-104, 141)
(5/2-3;24, 35, 54, 64)
(8/1,4-19, 30, 39-40, 42-52, 57-58, 60-61, 65, 67-69, 71-72, 74)
(9/5-6,12-16, 20-22, 24-27, 29, 36-53, 56-57, 62, 65-66, 73, 81-92, 94-96,102-107, 111, 117-118, 120-123)
(15/94)
(16/81,112-113, 125)
(21/80)
(22/39-40,60, 78)
(24/53,61)
(25/52)
(27/33)
(28/35)
(29/6,10-11, 46, 69)
(33/9-27)
(42/16)
(47/4,7, 20-21, 31, 35)
(48/4,7, 11-12, 15-17, 22, 29)
(49/9,12, 15)
(57/7-11)
(59/1-7,11-12, 14)
(60/8-10)
(61/4,10-14)
(66/9)



VII. Pas de contrainte en islam :

Le verset coranique "Point de contrainte à la religion" (2:256), l'absence de cas de conversion forcée dans l'histoire du monde arabo-musulman, et le fait que le Prophète ne condamna pas les polythéistes lors de la prise de la Mecque en fin de carrière, montrent de façon évidente que l'idée de l'expansion de l'islam par l'épée ou de guerre sainte n'existe pas en islam. Nous pouvons trouver certains hadiths qui ont voulu être instrumentalisés à l'époque omeyyade pour fonder les conquêtes politiques par l'autorité du Prophète, citons-les. 

"L'islam est sous l'ombre des épées"

Or, le prophète évoque ici clairement la protection de l'islam contre les ennemis, l'ombre désignant la tranquilité ou la sécurité.


"J'ai été commandé de combattre les associateurs jusqu'à ce que l'islam entre dans leurs coeurs"

Ce hadith fait allusion au verset (Cor. 8:39) : "Et combattez-les jusqu'à ce qu'il ne subsiste plus d'association, et que la religion soit entièrement à Allah. Puis, s'ils cessent (ils seront pardonnés car) Allah observe bien ce qu'ils œuvrent.Muhammad n'a pas forcé les Mecquois polythéistes à s'islamiser. 


VIII. Epoque omeyyade et l'Imam Chafii (767-820) :

Les batailles de conquêtes de territoires a débuté historiquement à l'époque omeyyade. Cette stratégie d'expansion territoriale politique universelle du Moyen-Âge est ainsi entré dans le monde musulman à cette période. Le premier à avoir codifié qu'il faut entamer au moins deux confrontations par an est l'Imam Chafii. En effet, il n'existe pas un seul verset ou une ébauche de hadith prophétique à ce sujet. Mais, comme nous l'avons souligné plus haut, l'islam étant agressé régulièrement à l'époque du Prophète, celui-ci avait été conduit à organiser des expéditions régulières toutes les années, et le savant a voulu fonder cela comme une règle impérative.


IX. Exemples de versets mal interprétés :

Pour approfondir : Thématique des versets de la guerre dans le Coran 


(Cor. 8:39) : "Et combattez-les jusqu'à ce qu'il ne subsiste plus d'association, et que la religion soit entièrement à Allah. Puis, s'ils cessent (ils seront pardonnés car) Allah observe bien ce qu'ils œuvrent.& (Cor. 2:196) : "Et combattez-les jusqu'à ce qu'il n'y ait plus d'association et que la religion soit entièrement à Allah seul. S'ils cessent, donc plus d'hostilités, sauf contre les injustes."

Le premier verset est révélé contre Quraïche et la Mecque « suite à leurs maltraitances envers les convertis musulmans qui ont dû s'exiler jusqu'en Abyssinie », d'après Tabarī (839-923), selon Urwah ibn Zubayr (m.713). Comme en témoignent, en effet, les versets précédents et suivants, de même pour la citation infra (8:59-60). Les musulmans les plus faibles demeuraient à la Mecque dans des conditions très difficiles car ils refusaient de revenir aux croyances de leurs ancêtres, et n'avaient pas les moyens d'émigrer. Le second concerne selon l'exégète, d'après Mujāhid les négateurs combattant les fidèles.

Les deux passages stipulent bien que si l'ennemi cesse, il faut arrêter les hostilités.


(8:59-60) : "Que les mécréants ne pensent pas qu'ils nous ont échappé. Non, ils ne pourront jamais nous empêcher. ; Et préparez [pour lutter] contre eux tout ce que vous pouvez comme force et comme cavalerie équipée, afin de dissuader l'ennemi d'Allah et le vôtre, et d'autres encore que vous ne connaissez pas en dehors de ceux-ci mais qu'Allah connait. Et tout ce que vous dépensez dans le sentier d'Allah vous sera remboursé pleinement et vous ne serez point lésés."


Tabarī rapporte que le fait de se surarmer avait pour but de dissuader l'ennemi de s'attaquer aux musulmans. Les ennemis qui sont évoqués au verset 59 sont toujours les habitants de la Mecque qui ont poussé les musulmans à fuir en Abyssinie et vers Médine. À considérer avec les versets précédents, voir remarque plus haut, même sourate, même contexte.

Il est bien question de se surarmer afin de dissuader les agresseurs potentiels.


(47:4) : "Lorsque vous rencontrez (au combat) ceux qui ont mécru frappez-en les cous. Puis, quand vous les avez dominés, enchaînez-les solidement. Ensuite, c'est soit la libération gratuite, soit la rançon, jusqu'à ce que la guerre dépose ses fardeaux. Il en est ainsi, car si Allah voulait, il se vengerait lui-même contre eux, mais c'est pour vous éprouver les uns par les autres. Et ceux qui seront tués dans le chemin d'Allah, Il ne rendra jamais vaines leurs actions."

Tabarī rapporte d'après Qatada ibn al-Nu'man (m.742/749) que ce verset aura été révélé au Prophète lors de la Bataille d'Uhud dans le campement musulman, « pour que les musulmans ne faiblissent pas et arrêtent de se faire massacrer », il vise donc les adversaires présents à Uhud au moment de la bataille. Comme signalé par Mohammed Arkoun en note de bas de page de la traduction du Coran de Albert Kazimirski de Biberstein pour ce verset.
Ici aussi, il est bien souligné que ces conflits vont cesser et qu'il y aura à ce moment des ennemis avec lesquels négocier la remise des prisonniers de guerre.

(9:1,5,7,10,13,36) : "Désaveu de la part d'Allah et de Son messager à l'égard des associateurs avec qui vous avez conclu un pacte (...) Après que les mois sacrés expirent, combattez les associateurs où que vous les trouviez. Capturez-les, assiégez-les et guettez-les dans toute embuscade. (...) Tant qu'ils sont droits envers vous, soyez droits envers eux. Car Allah aime les pieux. (...) Ils ne respectent, à l'égard d'un croyant, ni parenté ni pacte conclu. Et ceux-là sont les transgresseurs. (...) Ne combattrez-vous pas des gens qui ont violé leurs serments, qui ont voulu bannir le Messager et alors que ce sont eux qui vous ont attaqués les premiers ? (...) Combattez les associateurs sans exception, comme ils vous combattent sans exception."


Tabarī explique qu'après l'assiègement de Yathrib par les mecquois et leurs alliés malgré le pacte de paix conclu à Hudaybiyyah, le Messager dénonça ouvertement le pacte, et déclara la guerre aux agresseurs. Les mecquois et leurs alliés polythéistes, israélites, et chrétiens furent visés par cette dénonciation. Le verset 36 commande de ne pas faire cas à part pour des raisons de parenté, car les mecquois ne faisaient eux aucune distinction. 

Lorsque la Mecque fut dominée, les associateurs purent rester chez eux sans se convertir. Le verset 7 exige bien de rester droits envers ceux qui restent droits.


X. Synthèse globale :

Comment se fixer sur le fait que le Coran commande un combat uniquement contre les agressions où contre les négateurs de façon générale ? Nous allons montrer que le Coran n'autorise que de combattre en cas de menace.

(Cor. 2:85) : "Croyez-vous donc en une partie du Livre et rejetez-vous le reste ? Ceux d'entre vous qui agissent de la sorte ne méritent que l'ignominie dans cette vie, et au Jour de la Résurrection ils seront refoulés au plus dur châtiment, et Allah n'est pas inattentif à ce que vous faites."

(Cor. 4:82) : "Ne méditent-ils donc pas sur le Coran ? S’il provenait d’un autre que Dieu, ils y trouveraient certes maintes contradictions !" 

Il est interdit de retirer même un seul passage du Coran, il faut recouper absolument tous les versets pour arriver à une conclusion finale.


(Cor. 2:190) : "Combattez dans le sentier d'Allah ceux qui vous combattent, et ne transgressez pas. Certes. Allah n'aime pas les transgresseurs !"

Dans ce verset, il est souligné qu'Allah n'aime pas les transgresseurs. Ceci étant une caractéristique d'Allah, ce n'est pas susceptible de changer. [3]

La thèse voulant qu'un quelconque verset abrogerait tous les versets exigeant l'équité dans les hostilités est donc incompatible avec le Coran.


L'idée que les versets modérant la réponse aux agressions ennemies ne serait plus d'actualité s'appuie sur un verset critique (9:5) où il est écrit : "Combattez les associateurs où vous les rencontrez". Or ce verset concerne la dénonciation du pacte de non-agression mentionné juste quatre verset plus tôt en (9:1), et il est modéré deux versets plus loin en (9:7) en ces termes : "Tant qu'ils sont droits envers vous, soyez droits envers eux. Car Allah aime les pieux." Le verset (9:13) : "Ne combattrez-vous pas des gens qui ont violé leurs serments, qui ont voulu bannir le Messager et alors que ce sont eux qui vous ont attaqués les premiers ?", précise que ce sont eux qui ont commencé. Toute la sourate s'articule sur l'alliance mecquoise et la réponse à l'assiègement de Yathrib.

Il y a également une confusion chez certains concernant (9:36) où il est écrit : "Combattez les associateurs sans exception, comme ils vous combattent sans exception. Et sachez qu'Allah est avec les pieux." 

Or, ce verset fait allusion à la réponse envers les polythéistes de la Mecque ayant rompu le pacte de paix tel que stipulé au verset (9:1), lesquels ne font aucun cas pour les liens de parenté; (9:8,10) : "Comment donc ! Quand ils triomphent de vous, ils ne respectent à votre égard, ni parenté ni pacte conclu. Ils vous satisfont de leurs bouches, tandis que leurs cœurs se refusent; et la plupart d'entre eux sont des pervers.""Ils ne respectent, à l'égard d'un croyant, ni parenté ni pacte conclu. Et ceux-là sont les transgresseurs." 

C'est à cela que renvoie le verset (9:36) avec le terme كما [kamā], "comme eux font". C'est également à cela que renvoient les versets : "Dis : 'Si vos pères, vos enfants, vos frères, vos épouses, vos clans, les biens que vous gagnez, le négoce dont vous craignez le déclin et les demeures qui vous sont agréables, vous sont plus chers qu'Allah, Son messager et la lutte dans le sentier d'Allah, alors attendez qu'Allah fasse venir Son ordre. Et Allah ne guide pas les gens pervers.'" (9:24) & "Il n'appartient pas au Prophète et aux croyants d'implorer le pardon en faveur des associateurs, fussent-ils des parents alors qu'il leur est apparu clairement que ce sont les gens de l'Enfer." (9:113). Car ils étaient liés par le sang, étant issus de Qoraïche, tandis que l'usage, lorsqu'un fidèle se portait garant même de toute une tribut, était que ceux-ci obtenaient une immunité (9:6).


(Cor. 9:7) : "Comment y aurait-il pour les associateurs un pacte admis par Allah et par Son messager ? A l'exception de ceux avec lesquels vous avez conclu un pacte près de la Mosquée sacrée. Tant qu'ils sont droits envers vous, soyez droits envers eux. Car Allah aime les pieux."

Certains compagnons cherchaient à protéger leurs proches en leur accordant une immunité (ولاء), or cela était inacceptable après les menaces dirigées contre les fidèles.

Or, lors de la reprise de la Mecque, le Prophète exigea un couvre-feu, toute personne restant dans sa maison, dans le harem sacré ou chez abū Sufyān n'était pas visé, tel qu'exigé en (2:191,217).

C'est enfin, pour préciser la finalité de ce commandement que le verset : (9:122) est promulgué, celui-ci dit "Les croyants n'ont pas à tous quitter leurs foyers. Pourquoi de chaque clan quelques hommes ne viendraient-ils pas s'instruire dans la religion, pour pouvoir à leur retour, avertir leur peuple afin qu'ils soient sur leur garde.". Car il pourrait être cru que tous les fidèles dussent sortir au combat, d'emblée.


● (2:106) : "Si Nous réécrivons un verset quelconque ou que Nous le fassions oublier, Nous en apportons un meilleur, ou un semblable. Ne sais-tu pas que Dieu est Omnipotent ?" 

○ Il est question, dans ce verset, des fameuses variantes qui allaient être détruites au moment où le Coran allait être compilé par écrit, et dont des exemplaires ont été identifiés par des chercheurs [4],[5] confirmant par la même occasion ce verset. Tabarī rapporte d'après Mujāhid que ce passage signifie : "Si nous faisons oublier un passage, nous en envoyons un semblable ou un meilleur" [6]. En effet, des variantes selon Ubay ibn Ka'b, Ibn Mas'ūd et Ali ibn abū Tālib ont été identifiés dans le palimpseste Sana'a I [7]









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[1] Maxime Rodinson, Mahomet ; Éditions du Seuil ; Paris, (1996). (ISBN 978-2-02-022033-0).

[2] ibn Ishaq, Sira. Édition de référence en arabe p. 689-690, traduction française t.2 p.189, p.192.

[3] (Cor. 2,190) : "Combattez dans le sentier d'Allah ceux qui vous combattent, et ne transgressez pas. Certes Allah n'aime pas les transgresseurs !", (Cor. 2:193) : "S'ils cessent, donc plus d'hostilités, sauf contre les criminels.", "Et s'ils inclinent à la paix, incline vers celle-ci (toi aussi)", (Cor. 4,90) : "[Combattez-les] excepté ceux qui se joignent à un groupe avec lequel vous avez conclu une alliance, ou ceux qui viennent chez vous, le coeur serré d'avoir à vous combattre ou à combattre leur propre tribu. (...) S'ils restent neutres à votre égard et ne vous combattent point, et qu'ils vous offrent la paix, alors, Allah ne vous donne pas de voie contre eux. (22,39) "Autorisation est donnée à ceux qui sont attaqués (de se défendre) - parce que vraiment ils sont lésés;", (Cor. 5,64) : Toutes les fois qu'ils allument un feu pour la guerre, Allah l'éteint. Et ils s'efforcent de semer le désordre sur la terre, alors qu'Allah n'aime pas les semeurs de désordre", ou (Cor. 9,7) : "Tant qu'ils sont droits envers vous, soyez droits envers eux."

[4] R. G. Hamdoun, "المخطوطات القرآنية في صنعاء منذ القرن الأول الهجري وحفظ القرآن الكريم بالسطور", Master’s Thesis 2004 (non publiée), Al-Yemenia University.

[5] Puin, Elisabeth (2009). "Ein früher Koranpalimpsest aus Ṣanʿāʾ - II. [An early Quran palimpsest from Sana'a - II. "]. In Markus Groß, Karl-Heinz Ohlig. Vom Koran zum Islam [Du Coran à l'Islam]. Schriften zur frühen Islamgeschichte und zum Koran (en allemand) 4 (1re éd.). Berlin: Verlag Hans Schiler. p. 523–581. (ISBN 978-3-89930-269-1). LCCN 2010359348. OCLC 496960079.

[6] M. ibn Jarīr at-Tabarī, "جامع البيان عن تأويل آي القرآن".

[7] Sadeghi, B., Goudarzi, M., Ṣan“ā” 1 and the Origins of the Qur’ān, Der Islam, 87, 2012, p.1–129. 











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