vendredi 27 janvier 2012

V. Orthopraxie et Primo-Islam



A. Aura du Prophète Muhammad :

A-1. Les enseignements de Muhammad et leurs extrapolations :

Comme cela a été soulevé par Goldziher les hadiths ont augmenté numérairement dans un jeu de miroir avec le Coran. Un point qui mérite questionement est ainsi de savoir si le Messager envisageait réellement de structurer véritablement tous les aspects de la vie. L'admiration du prophète par ses proches a conduit progressivement les plus jeunes de ses disciples  à agir en sorte que celui-ci en fut lui-même dérangé par moments.





a. Le milieu des chemins interdit aux femmes :

Un jour, de sortie de la mosquée, les femmes encombrant le passage dans les rues étroites de Yathrib en discutant ou circulant lentement a conduit  le prophète Muhammad à leur dire de ne pas gêner le passage et de circuler tranquillement sur les bords des chemins. Les femmes ayant dès lors commencé à longer les murs. D'autres hadiths rapportent que le Prophète trainait à la mosquées pour se lever après les prières en sorte de laisser du temps aux femmes de prendre de l'avance sur les hommes. Et qu'il leur attribue même une porte exclusive pour cette fin. Pourtant, cet incident banal et mineur résolu de son vivant fut extrapolé par les jeunes disciples au point de catégoriquement leur interdire les milieux des chemins et d'assurer que "Les femmes ont été interdites de prendre les milieux des chemins, devant circuler sur les bords". Il ressort nettement que ce hadith est une exagération de l'incident en question. Et ceci ne constitue qu'un seul exemple de l'extrapolation de hadiths pris au iota par les jeunes disciples selon les attentes et les tendences sociales au fil du temps.


b. Les femmes ne peuvent prier qu'à l'arrière:

De même, un jour une femme décrite comme très resplendissante s'est mise juste derrière le Prophète lors de la prière commune, poussant certains hommes à glisser à droite et à gauche, tandis que d'autres se plaçaient expressément derrière celle-ci et épiaient ses mouvements de dessous leurs épaules. Le Prophète ayant dit : "Les meilleures places pour les femmes à la mosquées sont à l'arrière et les moins bonnes à l'avant, tandis que pour les hommes les meilleures sont à l'avant et les moins bonnes à l'arrière". Or, il est connu que les hommes et les femmes priaient entrmêlés par groupes d'hommes et de femmes comme cela continue de nos jours, et ceci ne constituait pas une obligation catégorique. Pourtant, avec le temps les femmes furent strictement repoussées à l'arrière, au point que des compartiments entièrement séparés de la partie des mâles par des cloisons furent aménagés dans les futures mosquées, et une tentative de leur interdire tout bonnement les mosquées par Umar fut avorté de par une interdiction de les en priver par l'autorité du Prophète, de son vivant. Au point qu'abu Hurayra poussa cela encore plus loin, soutenant que le passage d'une femme devant un homme interromprait sa prière, irritant Aïcha qui dira sur cela : "Voilà que vous avez assimilé les femmes aux ânes et aux chiens noirs", expliquant comment le Prophète priait de nuit face à ses jambes à elle du fait de l'espace très modeste de leur chambre à coucher, et touchait ses jambes pour qu'elle les repliât quand il devait se prosterer.


c. Les hermaphrodites doivent être chassés :

Autre exemple d'exagération, chez les Arabes, comme chez tous les peuples du monde il existait des homosexuels et des transexuels efféminés. L'un de ceux-ci entra ainsi un jour chez les épouses du Prophète disant : "Les fesses de telle femme sont ainsi, ses hanches comme cela". Apprenant cela, le Prophète aurait dit : "N'introduisez plus de telles personnes chez vous". Ce qui fut suivant le même processus d'exagération inteprété comme : "Le Messager a interdit d'introduire des hommes efféminés chez-soi". Au point que cela fut poussé avec le temps jusqu'à les chasser des villes. Or, il s'agissait d'un incident ponctuel de l'impolitesse d'une personne d'avant l'institution de toute visite de mâle chez les épouses du Prophète.


d. Qui se vêtit de soie ne sentira point l'odeur du paradis : 

Le Prophète interdit un jour aux orgueilleux les longues traines ostentatoires et les vêtements de soie. abu Bakr dit au Prophète que ses habits trainaient à terre pour ne pas exposer ses jambes frêles, ce à quoi le Prophète répondit que cela ne le concernait pas, mais concernait bien les personnes orgueilleuses. Malgré son autorisation exclusive aux femmes de porter des habits de soie,  il autorisa ainsi cela à deux disciples souffrant de démangeaisons sévères, comme il permit les traines à abu Bakr, montrant bien que cela était institué dans le but d'éviter l'ostentation.


e. Résolution de litiges ponctuels et notion d'abrogation : 

Le Prophète résolvait les litiges au cas pas cas, selon les particularités contextuelles des événements. Les générations ultérieures, à la lecture décontextualisée de ces récits de litiges les interprétèrent comme des cas d'abrogation, s'évertuant à les trier systématiquement. Un exemple caractéristique à cela est le cas de l'interdiction de l'alcool considéré comme une abrogation consécutive dans le Coran. Le Coran dit chronologiquement : "que c'est une boissons convoitée", "qu'il y a dedans des avantages, mais que les inconvénients sont prépopndérants", "de ne pas assister à la prière commune en état s'ébriété" et interdit "n'allez-vous pas abandonner cela". Or, chacun de ces versets est toujours d'usage : les avantages des boissons alcoolisées ne s'étant pas envolés, les personnes ivres ne pouvant toujours pas assister à la prière en commun... Cela fut donc interprété comme une abrogation du Coran par rapport à lui-même par un raisonnement simpliste et superficiel. Dans certains domaines, il est rapporté que le Prophète aurait dit textuellement : "Je vous avais interdit ceci pour telle raison, désormais vous pouvez y revenir" abrogeant ainsi certaines prohibitions, cela dans certains rares cas bien connus. Un cas de prétendue abrogation intéressant est le cas d'éviter de se tourner en direction de la Mecque ou de Jérusalem en faisant ses besoins. ibn Umar rapporte avoir un jour aperçu le Prophète depuis la terrasse du toit faisant ses besoins dans le sens Mecque-Jérusalem. Certains savants déduisant par là que cet interdit aurait été abrogé pour cette raison. Comme si le Prophète allait attendre d'être aperçu par accident faisant ses besoins pour abroger un tel interdit, étant évident qu'il s'agissait manifestement d'une recommandation toute naturelle exagérée et instituée comme une règle absolue. Ces cas étudiés ici préfigurent ainsi l'éloignement progressif de l'islam primitif au fil du temps d'une manière étonnante.


A-2. Muhammad et Notion de Punition :

Dès son arrivée à Yathrib, le prophète Muhammad établi un accord multi-partite de non agression unissant les tribus Arabes et Juives de la cité. Son intention étant d'accroitre la force des tribus face aux ennemis extrérieurs. Ainsi, au sein de cette union tribale, le sang, les biens, les enfants et l'honneur des individus étaient garantis.  En cas de litige, le Messager était érigé en arbitre et seule la personne ayant violé l'engagement pouvait être punie. Cela allait brider les règlements de compte et de vendettas en faveur de punitions personnelles et ponctuelles en sorte de ne pas disloquer l'union fasse à l'ennemi extérieur... Le Coran dira ainsi à ce propos : "Il y a pour vous dans le talion la vie, si vous saviez", ainsi que "Jugeront-ils selon la justice du temps de l'ignorance", "Quiconque ne juge pas avec le jugement divin a mécru (été égaré, injuste)", ..., s'opposant sévèrement aux règlements de comptes préislamiques. De même, suite à un vol commis par une femme de couche aisée, nous trouvons le Prophète très stricte au sujet de son opposition catégorique à discriminer les accusés sur base de leur classe dans la société. Or, il ressort dans une vue d'ensemble des litiges que la finalité était très nettement d'éviter les dérives de violences susceptibles de fragiliser l'alliance. Autrement, à la moindre altercation liée à l'honneur, à un vol ou une blessure un éclatement fatidique allait planer sur l'alliance. Néanmoins, lorsque nous nous penchons de plus près à la résolution des litiges, nous nous apercevons que le Prophète ne percevait clairement pas les punitions personnelles comme une nécessié absolue. Il était semble-t-il uniquement question de garantir la sécurité de l'honneur, du sang, de la descendance et des biens matériels des individus.


Cette parole du Messager établit cela de façon catégorique : "Le sang d'un musumman n'est PERMIS que dans trois situations : l'adultère d'une personne déjà mariée, un meurtre avec préméditation, et l'apostasie suivie de la prise des armes contre nous; dans ce cas cette personne sera tuée, liées (trois jours) à un poteau ou expulsée". La désignation de ce jugement comme "permis" signifiant concrètement la levée ponctuelle de l'immunité garantie par le contrat collectif de non-agression au sein de l'alliance. Et de fait, nous le trouvons évitant systématiquement tant que se peut l'application de ces peines.

D'autre part : "Il est interdit de punir quiconque en dehors des peines coraniques par plus de dix coups de fouet". Cela aussi montrant que la base était l'immunité des individus dans l'alliance. Cela consistant donc simplement en une "permission"...


A-3. Muhammad reportait et visait à éviter les peines systématiquement :

Lorsque des adultérins venaient à lui, nous constatons que le Prophète les incitait à la repentence et les renvoyait systématiquement de sa présence. Et Ma'iz ayant commis l'adultère et venant à lui consécutivement avec insistance fut envoyé avec des personnes afin d'être lapidé, et sous la douleur des pierres a fui et été poursuivi pour être achevé. Or, les témoins rapportent que lorsque cet incident parvint aux oreilles du Prophète celui-ci aurait dit : "Si seulement vous l'aviez laissé partir, peut-être se serait-il repenti".

Il a pareillement payé la diet de certains litiges pour meurtre, et absout la peine de nombreux meutriers ayant tué des fidèles lors des batailles à la prise de la Mecque...

Il a de même conclu un accord à Hudaybiyya incluant de laisser les apostats émigrer à la Mecque. Le Prophète appliquait donc des peines ponctuelles visant à éviter des vendettas et édictait les versets disant : "Celui qui ne juge pas selon le jugement divin est injuste", et cela allait être interprété plus tard ainsi : "Quiconque n'applique pas ces peines a mécru"... Une divergence s'opérant sur ce point entre les extrémistes Kharéjites et les Sahabas.

Un autre exemple frappant est le cas de la viande de porc. A chaque mention dans le Coran de ce tabou alimentaire, nous lisons le commentaire : "sauf sous la contrainte de la faim, sans esprit d'opposition". Expression qui sera inteprété comme, "sauf si la personne est affamée au seuil de la mort". De même, dans le Jami'ul Sahih de Muslim, nous lisons que lors de l'assiègement de Khaybar, l'égorgement et la cuisson des ânes de la cité avant le partage du butin ayant conduit le Prophète a faire renverser les marmites fut interprété par certains disciples comme une interdiction de la viande des ânes, ne faisant pas l'unanimité parmi eux chez la première génération de fidèles.

L'ingérence du Prophète à tous les niveaux de la vie privée et collective des fidèles est donc bien le produit d'une tendence étrangère au paleo-islam, qui a été en se caractérisant de façon de plus en plus marquée au fil de l'histoire. Pourtant, un hadith détenu dans les ouvrages anciens rapporte que le Messager aurait dit clairement à une occasion : "Ce que je vous recommmande en matière de religion, attachez vous-y fermement, quant à vos affaires mondaines, vous êtes plus à même de juger de vous-mêmes".

"Et suivez la meilleure de la révélation qui vous est descendue de la part de votre Seigneur, avant que le châtiment ne vous vienne soudain, sans que vous ne [le] pressentiez."  (Zumar, 55)

"La bonne action et la mauvaise ne sont pas pareilles. Repousse (le mal) par ce qui est meilleur; et voilà que celui avec qui tu avais une animosité devient tel un ami chaleureux. Mais (ce privilège) n'est donné qu'à ceux qui endurent et il n'est donné qu'au possesseur d'une grâce infinie." (Fussilat, 34-35)

"Suis la voie du pardon et juge selon les usages. Et éloigne-toi de l'ignorant." (A'raf, 199)


B. Témoignez de l'Unicité d'Allah, Soyez Saufs :

Dans le fond, le but ultime du Prophète dès le commencement consistait à extriper les gens de l'idolatrie pour les ramener au dieu unique dès le commencement de sa carrière prophétique nous le trouvons disant : "Témoignez qu'il n'y a de dieu qu'Allah seul, soyez saufs". Cela semble bien ne pas avoir changé tout le long de ses prêches et sermons.

En effet, de nombreux disciples rapportent qu'il a insisté sur ce point en fin de carrière disant que quiconque croit sincèrement en Allah sans rien lui associer sera épargné du châtiment du feu infernal. 


Exemples de Hadiths :

abou Dharr rapporte que le Prophète a dit : - "Si un serviteur dit : 'Il n'y a pas de divinité en dehors d'Allah', puis meurt avec cette conviction, il entrera impérativement au Paradis.' Je dis : 'Même s'il a forniqué ? Même s'il a volé ?' Il répliqua :  'Même s'il a forniqué et même s'il a volé.' Je dis (à nouveau) : 'Même s'il a forniqué ? Même s'il a volé ?' Il répondit (encore) : 'Même s'il a forniqué et même s'il a volé.' Je dis (une troisième fois) : "Même s'il a forniqué ? Même s'il a volé ?' Il dit : 'Même s'il a forniqué et même s'il a volé, en dépit d'abu Dharr." (al-Bukhari, Muslim.)
 
"Allah interdira les tourments du feu à toute personne témoignant de l'unicité de dieu et témoignant que Muhammad est son Messager." (Nesai, sunnan; Ahmad, Musnad ; Muslim, Jami'ul Sahih ; Tirmidhi, Sunnan.)

Le Prophète dit de même à Muad ibn Jabal : "Sache que quiconque témoigne avec Muhammad que dieu esr unique et qu'il n'y a pas d'autre dieu entrera au paradis." (al-Bukhari, Jami'ul Sahih ; Muslim, Jami'ul Sahih ; Nesai, Sunnan.)

"La personne la plus heureuse par mon intercession sera celle témoignant de l'unicité de dieu." (al-Bukhari, Rikâk.)

"La personne témoignant du fond du coeur qu'il n'y a de dieu qu'un seul entrera au paradis et le feu ne l'atteindra pas." (al-Bukhari, Anbiya ; Ahmad, Musnad ; Muslim, Jami'ul Sahih.)

"Allah interdira l'enfer et le paradis sera assuré pour toute personne témoignant qu'il n'y a qu'un seul dieu sans associé." (Ahmad, Musnad ; Heythami, Majma'ul Zwaid.)

"Si une personne cherche la grâce d'Allah en témoignant qu'il n'y a de dieu qu'un seul, Allah lui interdira l'enfer." (Ahmad, Musnad ; al-Bukhari, Salât ; Muslim, Mesajid; ibn Maja, Sunnan ; Nesai, Imamah.)



C. Notions de Balance de Jugement :



Un autre point crucial est la notion de pesée des oeuvres bonnes et mauvaises au Jour du Jugement Dernier. En effet, il n'existe pas de péché capital comme dans le judaïsme en islam. Aucun péché hormis l'association polythéiste sans repentence n'est considéré comme conduisant catégoriquement le pécheur aux tourments éternels. Les versets disant : "Allah pardonne tout péché à qui il veut, sauf l'association d'autres dieux à lui" ou "Ô âme pécheresse se faisant injustice, ne désepérez point, Allah pardonne tout péché" prouvent cela clairement.







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